Que ce soit dans l'infiniment petit ou dans l'infiniment grand, les réseaux sont omniprésents. Les liens sont fluides, parfois agités, voire trop agités. Il faut alors chercher l'apaisement.
La régulation se fait d'elle-même, mais pas toujours. Arrive le « bug », un trop plein d'émotions, un trop plein d'informations, une surintensité, un moment où tout s'embrouille, s'entremêle, s'entrechoque, tels des câbles électriques entremêlés.
Après une ou plusieurs coupures brèves survient le court-circuit, un vide, un manque, un doute, qui provoque le déclenchement des fusibles. Le calme revient.
Il n'y a plus d'écriture, le conscient s'échappe, la page est vierge comme pour pouvoir réécrire l'histoire. C'est une énigme dont il suffirait de trouver les clefs pour maîtriser le système.
Dans la vie quotidienne il existe des réseaux partout : réseaux routiers, ferroviaires, sanguins. Ils sont aussi bien présents dans les racines et les branches des arbres que dans les circuits imprimés.
Je m'intéresse plus précisément aux circuits électriques et commence à photographier divers modules. Je me rends compte que c'est un univers codé par d'innombrables couleurs. Le tout ne pouvant fonctionner que si les normes sont respectées.
Comment représenter tous ces circuits, ces connexions, avec quel support ? Je repense ainsi aux premiers ordinateurs lourds, carrés et énormes. Vient alors l'idée de me lancer dans la réalisation de gros volumes cubiques.
Je décide de réaliser trois blocs qui décriraient différents états. Comme ces ordinateurs qui traitent des milliers de données, le cerveau est lui aussi une structure extrêmement complexe qui peut renfermer jusqu'à plusieurs milliards de neurones connectés les uns aux autres et qui communiquent entre eux.
Dans ma première idée, j'imagine ces monolithes entourés de multiples câbles électriques, puis je commence à réaliser quelques peintures représentant des milliers de réseaux. Finalement je me rends compte que le recours à la peinture remplacerait idéalement de réels câbles électriques.
Les blocs blancs représentent l'absence, le conscient qui s'échappe, le corps qui commence à s'éteindre. Dans la symbolique asiatique, le blanc est associé à la mort, au deuil. La mort étant un passage obligé vers un nouveau monde, elle est considérée comme une renaissance, dont le blanc évoque la pureté.
Les cubes blancs émergent de la structure massive. Le cube blanc occupe toute la surface, le bug est intense sur la première pièce. Il y a une multitude de bugs, comme des turbulences, ils sont incontrôlables et imprévisibles, le système s'épuise, toutes les faces sont ponctuées de cubes blancs sur la deuxième pièce.
La machine se remet en route, le bug est décelé et repoussé. Il provoque une certaine fragilité, un déséquilibre dans l'instant et dans le temps, mais l'ensemble continue de fonctionner sur la troisième pièce.
La couleur des structures
Le premier parallélépipède est couleur chair, couleur de la terre.
Le deuxième est blanc : on ressent le dysfonctionnement. Lorsqu'elle qualifie la peau, la blancheur est signe de maladie, voire de mort.
Pour le troisième, la couleur orange est chaude, elle stimule le cerveau, accélère le rythme cardiaque et respiratoire. Le système fonctionne : de cette pièce émane énergie, vitalité, joie et enthousiasme.