Irène Mascret - 2010
Projet n°1
L'univers minéral et organique des forêts forment la base principale de mon travail de sculpture.
J'essaie de mettre en forme ce qui attire mon regard lors de mes promenades, sans chercher pour autant à copier la nature. C'est surtout le lent processus de disparition de formes que l'on croyait immuables qui me questionne.
Chacune de mes pièces est pour moi une expérience que je veux conserver. Je provoque la terre, la malmène, teste de nouvelles façons de l'investir et je découvre ainsi ses limites.
Mes sculptures sont des fragments que je rassemble. Ils sont le témoignage fragile d'un temps révolu. Sélectifs, malléables, ils offrent des récits possibles d'une mémoire en construction.Histoires de fragments
( cailloux en grès chamotté réalisés dans la masse et cuit en réduction gaz, élastiques en caoutchouc et plaques gravées en laiton ).Cette installation présente six cailloux cassés, que j'ai reformé à l'aide d'élastiques en caoutchouc. Pour chacun d'entre-eux, j'ai fait graver une date sur une petite plaque de laiton. Une date à apposer devant eux. Ces dates indiquent pour moi des jours particuliers, ceux où j'ai perdu un être cher, une personne qui m'a aidé à grandir et à devenir ce que je suis aujourd'hui.
Chaque caillou représente donc pour moi une tentative fragile pour rassembler les souvenirs de ces personnes disparues et que je ne veux oublier. Il s'agit par ce geste de leur rendre hommage, de les remercier et de conserver présent tout ce qu'ils m'ont donné et appris. Ces cailloux traduisent tout ces instants qui m'habitent et que nous avons partagés. Des instants qui forment des images éparpillées dans ma mémoire et que j'ai essayé de réunir dans une seule et même forme.
Ces cailloux retenus par ces élastiques en caoutchouc sont une forme possible de reconstitution de cette mémoire, celle que je me figure aujourd'hui et qui fait sens.
Collection de fragments
( ensemble de huit pièces réalisées avec des grès chamottés de différentes couleurs ).
À l'aide d'outils spécifiques comme la hache ou la scie sauteuse, j'ai abordée des masses de terre chamottées. J'ai travailler les surfaces de mes pièces afin de trouver des matières pour traduire l'érosion et l'origine de la fragmentation. Au cours de ces réalisations j'ai été confrontée à des cassures accidentelles, la scie sauteuse provoquait parfois trop violemment la terre. J'ai décidé alors d'accueillir ces fractures et aussi de casser moi-même ces masses avec une hache. J'ai choisi de conserver tous les morceaux de mes pièces pour envisager une sorte de collection.
Je souhaitais que cette série de pièces soit vraiment à l'image d'un regroupement de fragments, qu'elle traduise ce geste que je fais lors de mes promenades, en rapportant chez moi des morceaux de branches cassées, des écorces, ou encore des roches effritées.
Cette installation propose une collection insolite de huits pièces que je présente à même le sol, côte à côte. Ce rapprochement permet de créer des liens entre les différents fragments, de chercher des ressemblances, des divergeances et d'en apprécier la diversité de matière et de couleur.