Jacques Dupuy - Plasticien du langage
En même temps qu’au fil des livres et des obligations éditoriales la littérature m’a construit, elle m’a enfermé dans sa cage élitiste et dorée. Je n’en suis pas encore tout à fait sorti…
J’ai en conséquence voulu passer de l’écriture à la langue et me suis paradoxalement appliqué à brouiller les mots. Selon le philosophe Maurice Blanchot, avancer ainsi un pas au-delà de la langue. D’abord sur le plan formel de l’écriture, en créant un jeu de leurre, puis en chavirant comme un noyé dans le cri et la gestuelle originelle du corps. Une longue coulée en apnée dans les abysses de la mémoire.
Ce voyage-là m’a amené à analyser et théoriser les processus internes de l’art contemporain, ce que j’appelle « post-contemporain ». Pourquoi ? Parce qu’il s’appuie sur le savoir-faire et jamais sur le non-faire.
Pour contredire tout en lui rendant hommage l’un de mes philosophes préférés, Ludwig Wittgenstein, j’aime à détourner la phrase clef de son ouvrage, «Tractatus Logico Philosophicus », qui disait :
« Ce que l’on ne peut pas dire, il faut le taire »
Que j’ai détourné en : « Ce que l’on ne peut pas dire, il faut le faire… »
C’est là tout mon enseignement.
Jacques Dupuy