"Nous sommes ici pour vous ramener aux réalités de la vie, à l’usage de la main et de l’intelligence dont vos machines ont déjà privé plus de la moitié de la population."
Charles Robert Ashbee
"C’est agréable de pouvoir, grâce au matériau terre, réaliser nos objets du quotidien. En fait, c’est ce qui différencie le potier du sculpteur.
Le tournage est une technique fascinante et souvent étroitement liée à l’utilitaire. J’avais envie d’utiliser cette technique, mais d’une autre manière. Ce n’est pas la déformation en tant que telle qui m’intéresse, mais le mouvement qui en découle. Alors, j’ai joué avec le volume entier de la pièce, pour lui donner une nouvelle vie. Un point important les accessoires, (bec, anses…) ne sont pas ajoutés ; ils font partie intégrante de la pièce tournée : ils naissent dans la déformation du volume.
J’ai épuré au maximum les lignes et fait mon possible pour rendre les formes légères. La prise en main est importante. Il faut avoir envie de la prendre, de la toucher. La main est l’outil.
Les lignes dansent avec l’espace environnant, elles s’entremêlent. Pour mettre en évidence ces courbes et contre-courbes, j’ai émaillé mon utilitaire d’un blanc mat, pur et doux. Les marques de tournage apparaissent en touches légères sous l’émail. Elles représentent un graphisme subtil et délicat."
Matrices
"Je travaille à partir d’une matrice, le cube (plus précisément le parallépipède rectangle). Je l’utilise comme base de travail, comme squelette ou colonne vertébrale constituant une architecture. Il constitue mon espace de travail. Je m’impose d’exploiter son volume.
Puis je lui donne corps; je le construis et le façonne à ma manière. Je donne naissance à des créatures, des êtres imaginaires, cachés derrière une carapace neutre et naturelle. En outre, je laisse apparaître les traces de construction qui sont pour moi des lignes de vie, cicatrices comme une écorce. Je veux plutôt mettre en évidence leurs volumes, leurs formes bien plus que leurs apparences.
Dans ce monde imaginaire, vous allez rencontrer des personnages enfantins sortant de fables, légendes ou contes. Mais la matrice cubique nous emmène dans un univers plus adulte avec ces arrêtes et ces faces correspondant aux règles et limites de notre vie."
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"Il y a un contraste entre la forme de mes pièces et leur apparence, mais aussi entre les faces mates verticales engobées et les faces horizontales émaillées, ainsi qu’un contraste de couleurs qui se répondent.
La recherche d’émaux est une partie intéressante pour le céramiste. J’ai beaucoup travaillé d’après la méthode de Daniel de Montmollin qui nous a été rendue accessible par Yvon le Douget. L’intervention de l’émail me permet de mettre en évidence les cicatrices, traces de mes pièces."