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Dialogue Bleu - 2012

du 21 avril au 16 juin 2012

Musée Théodore Deck

"Dialogue bleu" variations autour des cristallisations de l’émail

Exposition collective avec 5 céramistes spécialisés dans les cristallisations :

Dénis Caraty (France),
Yves Lambeau (France),
Edmund Deinböck (Suisse),
Peter Fröhlich (Autriche),
Hein Severijns (Pays Bas)

Pour la sixième édition, le Musée Théodore DECK & des Pays du Florival et l’Institut Européen des Arts Céramiques se sont associés pour une exposition d’envergure. Celle-ci trouve sa légitimité dans la collection du céramiste Théodore Deck et se concentre, comme ce dernier aura pu le faire au XIXe siècle, sur les spécificités de l’émail.

C’est dans le cadre de ce partenariat actif que s’est tenue l’exposition Dialogue bleu, une rencontre consacrée aux plus grands spécialistes européens des émaux à cristallisation.

Sous la houlette de Hein Severijns, ce groupement de céramistes, baptisé Stell’Art, se consacre essentiellement à la création d’émaux à effets cristallisants. Chacun de ces céramistes explore un univers qui lui est propre et met en scène le monde fascinant des formations cristallines dans la mise au point d’émaux à haute température.

Au-delà des aspects techniques complexes qui prévalent à leur composition chimique et surtout au mode de cuisson qu’elle présuppose, Denis Caraty, Yves Lambeau, Edmund Deinboeck, Peter Fröhlich, Hein Severijns nous invitent à poser un regard attentif sur ces matières et à nous laisser surprendre par la séduction de la matière ainsi transformée.

L’intitulé Dialogue bleu marque le rapprochement avec les œuvres de Théodore Deck en jouant sur la chromatique du bleu dans les diverses approches colorées proposées par les artistes du groupe Stell’Art.

Histoire et techniques des émaux cristallisés

Le 22 avril 2012, Hein Severijns et Christiane Zeghers ont animé une conférence-débat sur le thème :
Histoire et techniques des émaux cristallisés.

Après un bref exposé de la découverte et du développement du procédé d’émaillage, l’artiste a proposé de poursuivre la rencontre sous forme dynamique en invitant les auditeurs à un jeu de questions – réponses.

Du 23 au 25 avril 2012 a eu lieu à l’IEAC, un stage théorique et pratique de trois jours, dispensé par Hein Severijns et Peter Fröhlich, à destination des céramistes professionnels et des amateurs éclairés. Après un rapide aperçu historique, la rencontre s’est concentrée sur la maîtrise technique spécifique aux émaux à cristallisations : chimie et formules de la composition, granulométrie, théorie du verre et formation des cristaux, rhéologie, courbe de température de cuisson, sécurité, santé et protection de l’environnement.

Hein SEVERIJNS

Hein Severijns réalise des pièces uniques en porcelaine (pâte de Limoges) tournées à la main. Les émaux qui les recouvrent sont mats et satinés, ponctués de petits cristaux ronds.

La cuisson du biscuit se fait à 1120°C, tandis que celle de l’émail varie de 1280 à 1300°C. La formation des cristaux a lieu lors d’un refroidissement extrêmement lent de la surface émaillée, par paliers précis et dirigés. L’accent n’est pas mis sur la largeur des cristaux, mais sur l’harmonie esthétique et élégante avec la forme de l’objet.

Après cinquante-six ans de travail avec la terre et les émaux, Hein Severijns n’a qu’un but sacré et chimérique : réaliser l’objet parfait.

Peter FRÖHLICH

Au cours de son apprentissage et de ses études, Peter Fröhlich réalise des pièces et des tableaux utilisant la technique de la marqueterie et aussi des sculptures composées d’éléments de poterie tournée, outrepassant les normes d’usage.
Établi comme céramiste indépendant, il fait ses premières expérimentations dans le domaine de la céramique utilitaire (grès), des pièces uniques avec des lustres et des glaçures cristallines.

Au fil du temps, il cherche sa voie dans le perfectionnement des cristallisations, se spécialisant en particulier dans un registre de tons verts et bleus (zinc-cobalt-cuivre).

Depuis plusieurs années, il utilise presque exclusivement la pâte de porcelaine, cuite à 1300°C, un matériau qui rend la formation des cristaux encore plus parfaite.

Edmund DEINBOECK

Edmund Deinboeck jouit à ce jour d’une carrière de maître céramiste couvrant plusieurs dizaines d’années.

Après son apprentissage, il travaille à la Manufacture de porcelaine Gustavberg à Stockholm, puis vient l’inévitable envie de devenir indépendant et de s’installer à son compte. Dès lors, il développe sa créativité dans son propre atelier qu’il tient depuis 1972 avec sa femme à Seuzach en Suisse.

En marge d’une production de céramiques utilitaires en grès de haut niveau, il consacre une partie de son temps à la création de pièces uniques à glaçures cristallines.

Denis CARATY

Céramiste depuis 1978, Denis Caraty réalise ses premières cristallisations en 2001.

Cette passion lui vient en découvrant les cristallisations de Chatt McGonagill, un céramiste américain du Mississippi. Il trouve alors sa propre voie dans les cristallisations et met au point des glaçures brillantes sur fonds vivement colorés, comme son Rouge de rouge flammé.

Ses pièces sont uniques. Après modelage des formes, il les reproduit par coulage de barbotine dans des empreintes en plâtre avec une porcelaine à base de kaolin, de feldspath et de quartz, un dosage qui lui est propre. Ses glaçures sont cuites à 1260°C. Pour les colorations, des composés d’éléments métalliques sont mélangés aux glaçures (cobalt, nickel, cuivre, manganèse, fer…). La fin du cycle de cuisson est longue, elle dure des heures sous forme de paliers, elle permet d’influencer l’apparition des cristaux et d’en façonner la taille et la forme

Yves LAMBEAU

Le travail d’Yves Lambeau est orienté vers le tournage ou le modelage de formes simples, ouvertes, faites pour être utilisées au quotidien tout en gardant un côté unique. Il utilise des grès naturels de Puisaye ou de la porcelaine de Limoges.

Les objets sont souvent déformés après leur tournage pour leur donner une forme végétale, puis retravaillés plusieurs fois jusqu’à leur séchage complet.

L’émaillage se fait après une première cuisson à 1000°C, cuisson dite de biscuit. L’harmonie des formes est accentuée par la recherche de glaçures, le plus souvent mates, parfois cristallisées, en utilisant une technique héritée de l’Art nouveau.

La seconde cuisson s’opère à 1280-1300°C en four à gaz ou électrique en de longs cycles destinés à faire mûrir les glaçures pour leur donner un aspect final inimitable.

Les œuvres d’Yves Lambeau sont une invitation au rêve et à la caresse, une poésie muette où la quête de l’harmonie se veut parfaite.