Institut Européen des Arts Céramiques

Association pour l’enseignement, la formation et la diffusion des arts céramiques en France et à l’étranger

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Kee Tea Rha

Souviens-toi, la terre

Pourquoi la chair ?

Pourquoi autant d’années et de questionnements sur elle ?

Qu’est ce que ça représente pour moi ? Pourtant j’avais essayé de trouver la réponse dans la peinture, la performance et l’installation. Quand Rembrandt observe une bête, Monet regarde une côte ou Bacon est devant ses toiles, est-ce qu’ils regardent la même chose que moi ?

Il n’y a pas qu’eux, de nombreux artistes au cours des siècles jusqu’à nos jours, la regardent, l’observent, la peignent, la sculptent et l’écrivent. Nous sommes sûrement attirés par sa forme, sa couleur, sa matière, et ses sens.

Aujourd’hui, je pose la même question sur la terre, pourquoi la terre ?

…Il est important pour moi de cuire à basse température pour que la terre respire encore et reste périssable ; elle n’est finalement pas figée dans le temps. De la même manière je m’oriente vers la technique de la sigillée qui ne ferme pas complètement la surface de la terre contrairement à l’émail qui enferme la terre derrière une couche vitreuse.

Le blanc est dominant pour éviter la représentation et mieux évoquer la sensation de la chair vivante. La forme d’un ensemble n’est pas figée non plus, elle est toujours en mouvement, mouvement de l’ex­tension et de contraction. La forme s’allonge et les éléments se juxtaposent en prolongeant toujours le mouvement précédent, et continue à vivre.

Le tournage est une des techniques les plus pra­tiquées dans le processus de mon travail.

J’essaie d’abord de maitriser le geste pour tourner un parfait cylindre de calibre variable pour ensuite im­proviser les mouvements de mes gestes. C’est un moment qui me demande beaucoup de concentra­tion comme je l’ai dit déjà, une dizaine de secondes après la terre va se ramollir, alors il faut bien sentir comment elle est avant de la modifier dans son en­semble pour équilibrer le mouvement et éviter l’effon­drement.

On dirait un défilé, un défilé de militaires parfaitement alignés, faire un pas en avant, ou un paysage, un paysage de montagne, sommet après sommet, sans fin.

Sans fin, c’est parce qu’il sortira de ce moule au­tant de cette forme que ce moule pourra en créer jusqu’à ce que le moule soit usé. Il est à la fois une représentation d’une côte de boeuf et par ailleurs une image abstraite, sans couleur, aucun signe de vie, mais pourtant il avance en silence.

La température de cuisson est toujours 980°C à l’état de biscuit, la terre reste fragile et poreuse et révèle un blanc pur.

FaÏance noire, décor aux oxydes sur engobe blanc.
C’est à l’occasion du stage de décor proposé par Jérôme Galvin que j’ai expérimenté le décor aux oxydes avec un nouveau geste pictural, une nouvelle façon d’aborder la couleur en même temps que la forme de mes bols. La forme est devenue beaucoup plus libre, expressive en gardant le même esprit que mes sculptures.
 
Porcelaine, décor aux oxydes, émail trasparent, 1280°C

 
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