Institut Européen des Arts Céramiques

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2010 - Jessy Geffray

septembre-octobre 2010

Résidence à la MMAQ de Quebec (Canada)

Le parcours de Jessy Geffray

Un point d'arrivée en Alsace se transformant en point de départ pour le Québec

En 2009, à la fin de ma formation à l'Institut Européen des Arts Céramiques (I.E.A.C.) en Alsace, j'ai présenté devant un jury l'installation d'un service en porcelaine. Celui-ci portait sur la banalisation de nos ressentis face à la saturation des actualités de violence diffusées à la télévision. Grâce à ce projet, j'ai pu partir dans la ville de Québec pour un échange en section céramique.

La résidence de Jessy Geffray à Québec

À mon arrivée à la Maison des Métiers d'Arts de Québec (M.M.A.Q.) j'ai visité, avec la directrice Carole Baillargeon, les ateliers des différentes disciplines : sculpture sur bois, métal et pierre, le tissage et la céramique. Accueillie tout de suite très chaleureusement, j'ai disposé d'une table de travail, d'outils, de matières premières, de rangements et d'étagères pour mes futures pièces.

Après discussion avec Carole de mon projet sur la double métamorphose du totem, j'ai décidé de le laisser de côté, car les deux mois de ma résidence n'auraient pas suffi à le réaliser. Avec un peu de recul je ne le regrette pas : ces huit semaines furent bien remplies. Ce qui m'a donné envie de trouver les moyens de poursuivre cette expérience au Canada sur un long terme. Mais revenons sur ces deux mois pour vous présenter en première partie mon projet personnel, en deuxième partie le projet du prix Zeller pour les dix ans d'échange de la région Alsace et du Québec et enfin mes visites de galeries, de musées et mes rencontres professionnelles. Pour finir mon compte-rendu, je vous présente un résumé de ce que ce voyage m'a apporté et surtout son influence dans mes projets à venir.

Mon projet personnel

Le cheminement de mon idée

L'idée de mon projet de résidence m'est venue quand la technicienne des fours céramiques, France Allaire, m'a informée qu'il était possible de faire brûler d'autres matériaux dans les fours, ce qui n'est pas autorisé dans mon ancienne école à cause de l'aération moins puissante.
 

J'ai repensé alors à ces pièces façonnées de petits boudins de terre formant un quadrillage, réalisées lors d'un exercice pendant ma formation à l' I.E.A.C. : deux pièces dont j'étais contente, car le quadrillage était fait de manière à donner une impression de relief alors que la pièce était plate.
 

J'ai décidé de reprendre ce concept de trompe-l'oeil en céramique et de le réaliser avec des fils en coton récupérés dans des chutes de l'atelier de tissage et de les tremper dans de la terre liquide pour obtenir un quadrillage plus précis (le fil étant plus fin qu'un boudin de terre) donc plus efficace.

Le projet du prix Zeller

Le cheminement de la réflexion 

À mon départ, le directeur de mon ancienne école, Thiébaut Dietrich, m'a demandé si je pouvais réaliser des pièces pour l'anniversaire des dix ans de coopération entre la Région Alsace et le Québec : j'ai accepté de faire ce projet. Ayant très peu d'informations pour illustrer ce rapprochement, j'ai voulu, dans premier temps, réaliser une vasque avec un décor de feuilles de vignes représentant l'Alsace et de feuilles d'érables pour le Québec. Je pensais travailler cette pièce en relief ou avec des oxydes. En fait, je n'étais pas très satisfaite de cette idée.
Une fois arrivée à la M.M.A.Q., j'ai eu de nouvelles informations sur ce projet. Pour le 22 novembre la Région Alsace me commandait une pièce qui représenterait le Prix Zeller décerné au cinéaste Frédéric Back dans le cadre des dix ans d'échanges entre les deux régions. Ne connaissant Frédéric Back seulement de nom, j'ai réalisé quelques recherches et visionné plusieurs de ses dessins animés dont La création des oiseaux, Le fleuve aux grandes eaux, Crac ! et L'homme qui plantait des arbres, un récit de Jean Giono. Ce dernier m'a beaucoup émue, car cette histoire me fait penser à ma région (la Drôme) où il ne reste que peu de forêts de feuillus.

J'ai voulu rendre hommage à Frédéric Back, surtout pour avoir mis en film ce récit de Giono qui m'a redonné espoir face à l'exploitation effrénée et irréfléchie de la nature. L'histoire reste simple, mais elle propose une autre posture à ma génération et à celles qui viennent. Il me paraît important qu'elle s'installe dans nos esprits pour réorienter nos modes de vie vers plus d'attention à la Terre.

La sculpture que j'ai créée en résidence à la M.M.A.Q. représente deux jeunes mains qui se tiennent l'une à l'autre comme pour protéger un trésor. Ces deux mains se transforment en racines. Le trésor au centre des deux paumes est représenté par trois sortes de graines : trois pépins de raisin représentent l'Alsace, deux graines d'érable représentent le Québec, et le Gland au milieu fait le lien avec L'homme qui plantait des arbres.

Mes visites de galeries, de musées et rencontres professionnelles

Trois semaines après mon arrivée à la M.M.A.Q., j'ai pu participer à la visite, avec les élèves en discipline de sculpture, de deux fonderies de sculptures d'arts dans le petit village d'Iverness. Cela m'a permis de sortir de la ville de Québec, d'apprécier les paysages de campagne, d'apprendre à mieux connaître les étudiants en sculpture et d'échanger sur des méthodes et des techniques de travail.

Cela m'a permis aussi de réaliser combien la ville de Québec est active dans le domaine artistique.

Enfin ma visite du musée des beaux arts de Québec m'a permis de connaître un peu mieux l'histoire de l'art du Canada. Ce qui m'a le plus impressionnée c'est l'exposition d'art Inuit qui retrace la mémoire d'un peuple dont l'adaptation environnementale reste très spectaculaire.

La fresque de Jean-Paul Riopelle, faite d'empreintes de toute sortes d'objets, m'a inspirée pour d'éventuels travaux de tableaux en céramique. Enfin j'ai eu la chance de pouvoir admirer une exposition temporaire de la collection Simon Pérez qui présentait des tableaux de Greco, Murillo, Goya, Picasso, Miro et Dali.

Toutes ces visites, et d'autres que je n'ai pas citées, ont enrichi ma culture et la ville de Québec m'est apparue comme une nouvelle porte dans mon avenir artistique !

conclusion

Je remercie la Maison des Métiers d'Arts de Québec pour m'avoir si bien accueillie dans son enceinte.
Je remercie l'Institut Européen des Arts Céramiques de m'avoir permis de vivre cette échange.
Je remercie Jacinthe et Michel de m'avoir accueillie chez eux.

"Il suffit de passer le pont et c'est tout de suite l'aventure", chantait Brassens....
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