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Le parcours d'Irène Mascret
Après des études à l’École des Beaux Arts de Lyon (DNAP) et à l'École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg (obtention du DNSEP Objet-art avec mention), Irène intègre la formation «Créateur en art céramique» à l’IEAC en 2010.
«Mon année de formation a été très constructive. Je ne connaissais pas très bien le matériau terre et la céramique d'une manière générale. Je dirais plutôt que j'y avais goûté et que, tel un mets délicieux qu'on vient de déguster pour la première fois, j'avais très envie de prolonger ma dégustation sur un long terme. Au-delà des enseignements divers et techniques pour découvrir la terre et ses multiples usages, j'ai pu développer mes propres champs d'investigations pour m'approprier ce matériau et trouver une expressivité singulière qui me corresponde bien. Pouvoir prolonger ce plaisir de la recherche lors d’une résidence à la MMAQ, est, à mes yeux, une aubaine fabuleuse.»
Irène Mascret
La résidence de Irène Mascret à Québec
Invitation au voyage - de l'autre côté de l'océan
Projet n°1 - Nous bâtirons des ponts pour nous retrouver
Le projet n°1, "Nous bâtirons des ponts pour nous retrouver", s’inspire du jeu de société Mikado et des barrages de castors. Il ne s’agit pas de reproduire avec exactitude une hutte de castor mais plutôt d’aller à l’essentiel, en réalisant une forme qui porte en elle les attributs constitutifs de cette hutte organique. C’est l’enjeu principal de ce projet : parvenir à construire une demeure, un habitat provisoire, un refuge imaginaire avec des matériaux frêles, et qui soit doux, enviable, dans le sens où l’on ait à cœur le désir de s’y cacher pour y trouver un peu de paix. Je dirais avant tout que j’ai été agréablement surprise de parvenir à réunir et faire tenir debout ces tiges en terre papier de porcelaine.
J’ai simplement joué avec ces matériaux sans me poser vraiment de questions. C’était plutôt ludique et osé comme tentative. Comme l’ensemble me semblait correspondre à une des formes que j’avais envisagée pour ce projet, j’ai choisi de conserver ce premier élan tel quel.
Le projet n°2 - Les nœuds de chagrin
Le projet n°2, "Les nœuds de chagrin", donne suite à Histoires de Fragments (des cailloux en céramique réparés à l’aide d’élastiques en caoutchouc). Je suis repartie à l’origine de cette histoire, au moment où j’ai enveloppé des cailloux brisés dans de petits mouchoirs en coton. Cette douceur qui rassemble les morceaux éparpillés me faisait envie. Des petits paquets tout fragiles, très doux, qui donnent envie de s’approcher et de découvrir ce qui est caché, protégé à l’intérieur.
Le projet n°3 - Comme les saisons furent brèves pour que je puisse ainsi les compter
Le projet n°3 intitulé, "Comme les saisons furent brèves pour que je puisse ainsi les compter", s’inspire quant à lui de la structure interne des souches en décomposition. L’usure de l’arbre, la section produite par sa taille ou son effondrement donne un accès à son intériorité. C’est comme un livre qui s’ouvre alors et qui dévoile la mémoire de la vie de l’arbre.
Ci-dessous : étapes du façonnage des structures souches.
Comme les années furent brèves pour que je puisse ainsi les compter. Deux résultats convaincants pour mener la suite de ce projet en France.
Le projet n°4 - Mémoires d'un fleuve
Pour le projet d’installation n°4, j’ai eu envie de travailler avec un filet. Le fleuve que j’imagine est porteur d’une multitude de matières organiques que les barrages naturels mettent à ma portée.
Dans ce filet j’ai à cœur de recueillir la "Mémoire d’un fleuve", de rassembler les fragments et de les offrir comme on exposerait une pêche miraculeuse.
Pour ce projet, j’ai eu beaucoup de chance puisque Jean (le technicien de l’atelier textile) est un ancien marin et qu’il sait donc confectionner des filets de pêche. Nous avons discuté tous les deux de mon projet afin de déterminer la corde à choisir en fonction du poids total que devra supporter le filet et aussi en tenant compte de l’esthétique, dans le sens où je ne souhaite pas que le filet soit trop présent et qu’il nuise à la lecture des pièces qu’il va retenir.
Dans un second temps, j’ai abordé le travail des masses à la scie sabre pour fournir mon filet de matières.
Pour poursuivre ma cueillette de matières et pouvoir offrir le fruit de cette récolte dans mon filet, il me restait encore à réaliser de petites Orphelines en terre papier de porcelaine. Ma préparation de terre papier était alors prête et j’en avais plusieurs pains pour entreprendre ce nouveau travail. J’ai donc redécouvert ce temps de délicatesse et de douceur durant la confection de mes douze petites Orphelines.
J’ai fait le choix d’opter pour l’accrochage en hauteur car il offre une certaine aération à l'ensemble de cette installation, une certaine légèreté aussi, qui fait un bel écho avec le projet n°1 dont la construction joue beaucoup avec les pleins et les vides, avec les croisements et les enchevêtrements. La force du résultat m'a agréablement surprise et remplie d'enthousiasme.