Appel à candidatures résidence 2025
Résidence de recherche et de création céramique 2025
jusqu'au 02 mars 2025
Institut Européen des Arts Céramiques
Association pour l’enseignement, la formation et la diffusion des arts céramiques en France et à l’étranger
Vous êtes ici : Institut Européen des Arts Céramiques / Expositions / Échanges internationaux / Québec / 2013 - Gwenaël Hémery
- des tableaux aléatoires sur supports en terre et coulures d'émaux
- un chaos enserré dans une coquille de porcelaine lisse et blanche
Je suis intéressée par ces deux notions : l'une, le hasard, lié à la liberté, liberté de ne pas savoir, liberté de découvrir par soi-même les réactions chimiques et physiques de la matière avec la température; l'autre, le chaos, où il se passe toujours quelque chose – trop de choses ? - (enchevêtrements, séries causales, conflits d'actions, complexité) et qui est ce dont on a peur, ce qu'il faut cacher, éviter, enrayer. Le trop plein ne doit pas déborder. C'est pourtant là que naît la vie. Le Big Bang n'est, après tout, qu'un grand chaos d'où apparaît la vie !
Une résidence comme celle que j’ai eu la chance de faire à la Maison d’Art de Québec (MMAQ) est une opportunité extraordinaire… et une vraie torture de l’esprit ! Comment se contenir ? Comment ne pas penser jour et nuit à son projet, loin des contraintes journalières habituelles ? Ira-t-on vers une recherche poussée dans une direction ou expérimentera-t-on tout ce qui vient à l’esprit dans un contexte si propice à la créativité ? Étant donné mon caractère, je n’ai pu qu’opter pour la deuxième option.
J’ai pu explorer une large quantité de pistes. C’est surtout les matériaux que je voulais tester, mieux connaître, faire fondre et modifier chimiquement pour voir…"
"On change de pays, et même de continent, donc forcément les terres seront différentes. À la MMA, il est habituel de cuire à cône 6, soit environ 1220°. Les grès sont donc ici appelés plutôt « semi-grès » : Midsmooth white et Dark Mid.
J’avais projeté de travailler avec de la faïence blanche mélangée au semi-grès pour obtenir des déformations. Mais mes recettes n’ont pas fonctionné comme prévu. Non seulement elles ne fondaient pas, mais elles ne se déformaient pas non plus : elles se vitrifiaient. J’ai donc utilisé les grands moyens et rajouté 20% de fritte 3124 dans la recette… Alors là, évidemment, j’ai eu beaucoup de déformations et de bulles. Je suis donc partie avec cette recette pour la suite.
"Mon projet d’origine sur le chaos a nécessité la préparation de nombreux éléments."
"Les éléments ont été dégourdis séparément, puis émaillés et assemblés avant d’être recouverts par le cône."
"Les précautions nécessaires pour préserver le four de toutes coulures et débordements ont empêché mon rapport direct à la terre et à l’espace. À vouloir enfermer mon chaos dans un cône, je m’y suis enfermée moi-même ! Le cône s’est désolidarisé des boules et est resté vide. Je ne voudrais pas pousser le symbolisme trop loin, mais c’est une heureuse coïncidence… On ne peut pas contraindre le chaos !
Dans le deuxième cône je me suis orientée vers un assemblage plus simple, allégé. J'ai utilisé uniquement des tiges de grès et de faïence + 20% de fritte que j'ai essayé de faire tenir au centre du cône, à distance l'une de l'autre, par des morceaux de porcelaine placés au fond."
"J’ai décidé d’utiliser les éléments préparés à l’origine pour d’autres montages en cône dans des assemblages d’expression plus libre. Ces arrangements chaotiques m’ont permis, à une échelle qui ne présentait pas de risque pour les fours, de me libérer des contraintes du cône.
Les variations de résultats sont infinies. Je pourrais passer des heures à observer chaque recoin d’une pièce. Ces compositions sont à regarder de près. C’est dans le détail qu’est la richesse de la pièce."
"J’ai une attirance toute particulière pour les coulures. Elles provoquent forcément des réactions. J’ai décidé d’allier la céramique et la peinture acrylique, mes deux médias de prédilection.
Mon installation se compose de dix sphères tournées, ouvertes puis légèrement déformées. Elles sont suspendues à des fils de cuivre. Des lignes simples et répétitives sont tracées au crayon noir céramique sur leur surface. Les fils de cuivre à l’intérieur des boules ont été travaillées pour rappeler les traits de crayon à l’extérieur."
(mon installation a été photographiée dans mes étagères de travail et les barres métalliques transversales ne font pas partie de l’installation)