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Le parcours de Cristine Bath
Après des études en Arts Plastiques au cours desquelles je me suis attachée à un travail essentiellement lié à la peinture, j’ai ressenti une attirance progressive pour le dessin qui me permet d’aborder l’idée du détail et d’une certaine fragilité due au support. Dessins que j’enrichis d’autres techniques (collage, couture...). Parallèlement, j’ai commencé à réaliser des installations issues du même univers onirique.
Le travail de volumes dans mon atelier («Ateliers du Bastion XIV» à Strasbourg) me permit alors de découvrir la céramique. Je débute des cours chez Catherine Fausser, potière à Strasbourg et ressens l’envie de suivre une véritable formation me permettant d’acquérir des bases solides. Suite à l’année de formation à l’Institut Européen des Arts Céramiques de Guebwiller, je me suis installée à Prévelles (Sarthe) où j’occupe un atelier équipé d’un four à bois et d’un four à gaz. Je continue d’explorer les thèmes inspirés des mondes minéral, végétal et organique.
Mon inspiration est liée à une nature secrète animée par les forces mystérieuses des éléments et du vivant. À la rencontre du minéral, du végétal et de l’organique.
Cristine Bath
La résidence de Cristine Bath à Québec
Le projet imaginé avant mon départ
Ma curiosité attisée par la présence du fleuve St Laurent à Québec me donnait l’envie de développer une recherche sur ce sujet.
Cet élément, omniprésent en ce lieu, serait une véritable source d’inspiration à explorer pendant ce temps de résidence. Il m’offrirait la possibilité d’un travail autant lié à la morphologie qu’à l’idée de textures et de nuances ; l’image du fleuve gelé stimulant mon imaginaire et mon désir de créer un vocabulaire évoquant la glace.
Ayant récemment débuté une recherche sur le thème de l’iceberg sous la forme d’objets utilitaires et de sculptures, l’idée de prolonger et d’approfondir celle-ci me plaisait.
L’arrivée
Nous sommes le 2 avril. Le temps est encore bien froid à Québec à mon arrivée, ce qui n’est pas sans me déplaire, car sur le fleuve flottent encore quelques fragments de glace assez impressionnants que je ne tarde pas à photographier. En deux jours tout aura disparu.
Je suis accueillie chaleureusement au sein de la Maison des métiers d’arts de Québec et débute mon projet après une semaine d’imprégnation du lieu, d’observation, de rencontres de professeurs, techniciens, élèves et autres artistes en résidence.
Adaptation du projet
Après avoir étudié mon nouvel environnement de travail, je m’aperçois qu’il est nécessaire d’adapter mon projet aux contraintes techniques ressenties lors de ces premiers moments de mise en œuvre de ma recherche.
Mon projet initial se basait sur le motif de l’iceberg et (ou) du fragment de glace, en considérant d’une part la morphologie, d’autre part les nuances de teintes et de transparence.
Dans le choix de la terre, j’avais imaginé utiliser la porcelaine pour ses diverses qualités (nuance de transparence, blancheur, finesse du grain ). Or la porcelaine utilisée à la MMAQ ne répondait pas à ces caractéristiques, particulièrement sur le registre des transparences. De plus, les cuissons à haute temprérature (four à gaz) étaient moins fréquentes que celles à plus basse température (four électrique) et on me conseille donc de choisir une terre à plus basse température (cuisson cône 6 = 1222°C).
Recherche de textures
Mes premières recherches de textures me semblent intéressantes, mais je ne suis pas convaincue par la couleur de la terre. J’imagine donc des solutions.
Après réflexion, je choisis d’utiliser la terre de coulage, car elle répond au mieux à ce problème de blancheur et m’amène à utiliser le moulage, ce qui me permettra de développer un travail sur le multiple et d’aborder l’idée d’installation.
Cours de moulage
Je suis accueillie chaleureusement, le lundi pendant trois semaines, au cours de moulage des étudiants de deuxième année. Le professeur Richard Lambert m’aide à réaliser le premier moule en deux parties.
Le nouveau projet
Inspirée par le thème de l’iceberg et l’idée de fragment et de morcellement, je développe grâce au moulage un travail sur le multiple.
Façonnage des pièces pour le moulage
Réalisation de pièces épurées, géométriques. La surface doit être parfaitement lisse et sans contre dépouille pour permettre un bon démoulage.
En respectant les temps de séchage, je peux faire trois ou quatre tirages par moule dans la journée.
Tirages sortis des moules premiers
Exploration de certaines techniques de transfert d’image
Les premiers jours, je rencontre Marianne Chénard, céramiste canadienne en fin de résidence, qui travaille sur l’idée de paysages du Grand Nord canadien. Cela nous donne l’occasion d’échanger sur ce thème commun. Elle partage avec enthousiame les différentes techniques de décor et de transfert d’image qu’elle maîtrise. Ce qui me donne l’envie de tenter quelques expériences...
Superposition de deux émaux pour évoquer la texture des glaces fragmentées du fleuve St Laurent
Exploitation du moulage pour la réalisation de pièces utilitaires
Les modules d’iceberg sont ici retournés pour une recherche de création d’un service de table.
Pourquoi pas pour accueillir un dessert glacé...
Essais de mise en scène du paysage avec les formes et les matières obtenues
La vie à l'école, quelques évènements...
Workshop avec l'artiste canadienne Amanda McCavour, et autres...Conclusion
Ces deux mois de résidence à Québec ont été une expérience exceptionnelle, et je suis très heureused’avoir pu vivre cette aventure.
L’accueil convivial au sein de la Maison des métiers d’art de Québec m’a permis de développer mon
projet avec une émulation nouvelle dans un échange quotidien avec les personnes qui fréquentent le lieu.
J’ai découvert une ville et une culture pleines d’ardeur et d’ouverture.
Un passage de saison au terme duquel je ressens un enrichissement professionnel et personnel unique.
Merci à tous !